Les récentes déclarations des banquiers centraux membres de la BCE laissent ouvertes les deux options d’une nouvelle hausse des taux ou d’une pause, le temps d’évaluer la situation. L’inflation qui dépassait 10% à l’automne dernier en zone euro est redescendue vers les 5% en août.
C’est encore trop pour la BCE qui veut ramener l’agrégat à 2% à terme et qui a lancé depuis un an un cycle de hausses des taux sans précédent, avec un cumul à ce jour de 4,25 points de pourcentage.
Le problème: l’inflation sous-jacente, scrutée de près car elle exclut les fortes fluctuations des prix de l’énergie et des biens alimentaires, campe depuis plusieurs mois légèrement au-dessus des 5%.
Le chef économiste de la BCE, Philip Lane, a affirmé récemment que cet indicateur “pourrait baisser à l’automne” alors que des effets saisonniers vont s’estomper, dans une interview au journal irlandais en ligne The Currency.
Un commentaire qui pourrait s’interpréter de la façon suivante: si l’inflation est en train de baisser d’elle-même, autant attendre avant d’envisager une autre hausse des taux.
Les économistes se divisent eux en deux camps quasiment égaux, entre ceux voyant le taux de facilité de dépôt, qui fait référence, augmenter de 0,25 point de pourcentage pour passer à 4,00% et d’autres le voyant maintenu à 3,75%.
Un scénario de stagflation
Les données économiques publiées pendant la pause estivale ont aussi de quoi faire pencher les avis en faveur d’une pause sur les taux. Il se dessine un scénario de stagflation en zone euro, avec des indicateurs de confiance (PMI) en chute libre, une distribution du crédit en berne et une économie au bord de la récession, voir déjà tombée dedans comme en Allemagne, pendant que l’inflation baisse mais reste tenace.
Dans ce contexte la BCE pourrait “suspendre son cycle de hausse en septembre et utiliser l’incertitude pour se réserver l’option d’une nouvelle hausse ultérieure”, en fonction des données à venir, selon Mark Wall, chef économiste chez Deutsche Bank.
Mais pour les gardiens de l’euro, “le risque d’en faire trop peu apparaît plus élevé que le risque d’en faire trop”, souligne Frederik Ducrozet, chef économiste chez Pictet Wealth Management, qui penche pour une nouvelle hausse des taux décidée jeudi.
“Le ralentissement de la croissance dans la zone euro ne devrait pas suffire à inquiéter la BCE pour justifier une pause sur les taux d’intérêt, d’autant plus que l’inflation reste bien supérieure à l’objectif de la BCE”, résume Franck Dixmier, directeur mondial des gestions obligataires d’Allianz Global Investors, sur la même ligne.
Une nouvelle hausse des taux en septembre pourrait s’imposer faute d’avoir la “preuve convaincante” que le resserrement des vannes du crédit est suffisant pour faire baisser l’inflation à 2%, a souligné le compte-rendu de la réunion de la BCE en juillet.
L’institut monétaire va aussi baser sa décision sur de nouvelles projections de croissance et d’inflation. En juin, ces prévisions voyaient l’inflation à 5,4% en 2023, 3,0% en 2024 et 2,2% en 2025.
La remontée récente des prix du pétrole pourrait affecter cette prévision pour 2023 et on risque de voir l’inflation demeurer supérieure à l’objectif jusqu’en 2025, justifiant, selon M. Ducrozet de garder un cap monétaire restrictif.
La hausse des taux, si elle se décide jeudi, pourrait être “la dernière (…) de ce cycle”, avec une BCE restant ensuite “en attente jusqu’à la mi-2024 au moins”, conclut-il.
Un projet démesuré. Le prince héritier d'Arabie saoudite a annoncé en début de semaine la création du Neom Investment Fund, un fonds d'investissement destiné à financer l'énorme projet de ville futuriste qui sera située au nord-ouest de l'Arabie Saoudite : Neom.
Située sur les rives de la mer Rouge à proximité de la Jordanie, d'Israël et de l'Égypte, Neom est l'un des projets phares du plan Vision 2030, le plan de développement du gouvernement saoudien qui vise à diversifier l'économie du royaume, ultra dépendante du pétrole, dans le tourisme, la finance et l'immobilier. Ce projet doit permettre d'attirer de nouveaux investisseurs et changer l'image de l'Arabie saoudite à l'international.
Le coût de construction de cette ville est estimé à quelques 500 milliards de dollars. Une première phase de construction qui coutera 300 milliards de dollars doit s'achever en 2030, puis une seconde phase avec 200 millards de dollars provenant d'investissements privés locaux et internationaux. Ce méga-projet devrait être intégré en bourse de Ryad dès 2024. La mégalopole devrait s'étendre sur plus de 26 000 km², soit quasiment la taille de la Bretagne ou de la Belgique. Une taille colossale qui répond à un enjeu démographique dans un pays où la population devrait passer de 34 à 50 ou 60 millions d'habitants d'ici 2030.
L'élément phare de ce projet est nommé "The Line" (la ligne), composée de 2 bâtiments de près de 500 mètres de haut et de 170km de long et abriterait 1,5 million d'habitants à horizon 2030 et 9 millions d'ici 2045. Cette ligne de deux gratte-ciel parallèles en miroir située au milieu du désert et des montagnes abriterait des logements, des parcs, des centres sportifs, un stade mais aucune route et donc aucune voiture.
Tout se trouvera à moins de 5 minutes de marche et pour les longs trajets, un train à grande vitesse sous-terrain amènera les résidents d'un bout à l'autre de la ville. The Line se veut alimentée à 100% par de l'énergie renouvelable et "sera la zone la plus vivable - et de loin - de toute la planète", assure le prince héritier MBS. La ville sera quasi autosuffisante sur le plan alimentaire notamment grâce à l'agriculture verticale.
Le Wall Street Journal, qui a pu accéder à des documents confidentiels, indique que la mégalopole pourrait avoir une lune artificielle, des plages phosphorescentes, des taxis volants ou encore des majordomes robotisés, soit des technologies qui n'existent pas encore aujourd'hui. Neom comportera également Oxagon, une île-usine octogonale de 7 km de diamètre flottant sur la mer Rouge, et Trojena, un complexe touristique dans les montagnes qui accueillera une station de ski en plein air.
Un projet qui interpelle plusieurs ONG et associations qui crient à la catastrophe environnementale et humaine. Le coût écologique de ce projet réalisé en plein désert dans l'un des pays qui fait partie des plus gros émetteurs de CO2 au monde divise entre révolution technologique et catastrophe environnementale.
Ce projet avait déjà fait des vagues en avril 2020, lorsqu'un citoyen saoudien avait été abattu par les forces de l'ordre car accusé de "terrorisme". En réalité, le défunt avait expliqué dans une vidéo qu'il refusait de céder sa propriété à l'État car il ne voulait pas abandonner les terres de ses ancêtres pour faire de la place au projet de MBS. "Ils peuvent me tuer et mettre une arme à côté de mon corps pour me faire passer pour un terroriste", expliquait-il dans une vidéo prémonitoire. Maxime Poul https://fr.news.yahoo.com/lune-artificielle-taxis-volants-ce-que-lon-sait-sur-neom-la-ville-futuriste-d-arabie-saoudite-140228652.html
Dans l’antre de Kool Food situé à Lissasfa (banlieue de Casablanca), l’activité tourne à plein régime. Barres de chocolat, tablettes, dragées, crème à tartiner … Les équipes veillent à ce que tous les produits sortant des lignes de production soient parfaits. L’état d’esprit est à la sérénité : « Nous espérons sortir du redressement judiciaire en décembre 2022. N’eût été la crise sanitaire, on aurait pu y arriver beaucoup plus tôt », explique Anas Lahlou, PDG de la société.
Une renaissance. En effet, l’entreprise était passée dans un temps très court du statut de PME très prometteuse à une zone de turbulences qui a failli l’emporter. Retour en arrière.
Créée en 2010 par Anas Lahlou, à l’époque importateur de produits de grande consommation, Kool Food avait démarré sur les chapeaux de roues. Le chiffre d’affaires a progressé très rapidement, porté par une forte demande sur le segment des produits à « un dirham », principalement destinés aux enfants. L’horizon est dégagé.
Le partenaire financier était trop pressé de rentabiliser sa mise
Comme tout chef d’entreprise ambitieux, Anas Lahlou prend la décision de booster la croissance en cherchant un solide partenaire financier. L’occasion se présente avec un fonds d’investissement émirati qui venait de s’implanter au Maroc. Les discussions sont menées tambour battant et les deux parties s’associent en 2013. Cependant, la lune de miel est de courte durée. Au moment de parachever la répartition du capital, le fonds d’investissement impose un nouvel actionnaire au tour de table. Le patron de Kool Food se résout à accepter tout en prenant soin de ramener, lui aussi, un partenaire étranger pour rééquilibrer les forces. Le capital est alors réparti entre Anas Lahlou et le Fonds d’investissement qui prennent chacun 40%. Les 20 % restants reviennent aux minoritaires.
A l’instar de beaucoup de fonds d’investissement, le partenaire émirati veut rentabiliser très vite sa mise et impose, dès 2014, le transfert de l’usine, alors installée à Ain Sebaa, au Parc Industriel 10 Rajeb à Lissasfa sur un site de 13 000 m2. L’objectif était d’accroitre la production pour couvrir un marché plus large. Le fonds d’investissement avait omis qu’il n’était pas facile de déménager du jour au lendemain une société de plus de 250 personnes sur un site distant de 30 km du siège d’origine. Cette erreur de management coûte cher à l’entreprise qui aura du mal à se relever après un arrêt de la production qui a duré six mois au moins.
L’accompagnement salvateur du groupe français Corin
Les pertes s’accumulent, les fonds propres fondent. Le Fonds d’investissement refuse pourtant d’abonder sa participation comme promis. De fil en aiguille, Kool Food se décide à solliciter un crédit d’environ 15 MDH auprès de la BCP avec la garantie de la Caisse Centrale de Garantie (CCG). L’accord de principe est donné, mais l’associé de référence oppose un nouveau refus à cet emprunt, pourtant crucial pour honorer un carnet de commande bien garni de plus de 80 MDH.
Le conflit s’enlise, les dettes fournisseurs et bancaires s’accumulent pour atteindre plus de 200 MDH. En 2016, Anas Lahlou, en sa qualité de gérant, sollicite la protection du Tribunal de Commerce de Casablanca. Dans la foulée, le juge prononce le Redressement Judiciaire et nomme un syndic. Ce coup de poker est d’autant plus réussi que le patron de Kool Food avait trouvé un nouveau partenaire, en l’occurrence le Groupe français Corin, spécialisé dans la gestion immobilière, la distribution de matériels de bricolage et l’avitaillement, qui avait accepté de participer à la relance de l’entreprise.
Le Groupe Corin, à travers sa filiale Cofrapex, rachète les participations du fonds d’investissement et, avec la sortie des deux minoritaires, se partage le capital avec Anas Lahlou. Mieux encore, le groupe français renfloue les comptes courants d’associées (CCA) et monte avec Anas Lahlou dans un Plan d’Investissement ambitieux. L’entreprise redémarre sur de nouvelles bases.
L’essentiel de la dette bancaire est réglé
Depuis, l’activité est sur une tendance haussière et le chiffre d’affaires ne cesse d’augmenter. « Oui, nous avons passé des moments très difficiles, mais nous avons appris beaucoup de choses et, en tant qu’industriel, nous sommes persuadés qu’un redressement judiciaire ne signifie pas la fermeture d’une entreprise », raconte Anas Lahlou. Et de poursuivre, « nous avons réussi à remettre l’entreprise sur les rails grâce au soutien de nos créanciers, du tribunal de commerce qui a pris les bonnes décisions au moment le plus difficile, du syndic et de nos conseils juridique et financier ». Autrement dit, la mise en œuvre d’un plan de continuation d’une entreprise en difficulté est un travail d’équipe, qui nécessite écoute entre les différentes parties prenantes, patience dans les négociations, abnégation de l’équipe dirigeante de l’entreprise et adhésion des collaborateurs au projet de relance.
Aujourd’hui, plus de 92% des dettes sont remboursées et la trésorerie est même positive. Kool Food entre dans une nouvelle étape avec la sortie amicale du partenaire français. Détenteur de 100% du capital à travers sa holding familiale qu’il préside, Anas Lahlou entrevoit l’avenir avec optimisme, malgré deux exercices moins flamboyants à cause de la longue et très difficile crise sanitaire. « Suite à la fermeture des écoles et à la hausse vertigineuse du coût de transport et des matières premières, les ménages ont changé leur mode de consommation, ce qui a pesé sur le budget des enfants qui constituent notre cœur de cible. Néanmoins, nous essayons de maintenir nos prix, quitte à réduire nos marges », explique-il.
Un plan d’investissement de 200 MDH en préparation
Pour maintenir la croissance, Kool Food prépare un nouveau plan d’investissement 2022-2027 de plus de 200 MDH, en partenariat avec plusieurs partenaires, dont un industriel international de référence, un des « top five » spécialisé dans la le chocolat au niveau du B to B, dont le nom est pour l’instant gardé secret. Nous savons cependant que la lettre d’intention est déjà signée.
Prochaine étape, Kool Food ambitionne d’exporter ses produits en Europe, en Amérique du Nord et en Afrique. Mais ce sera après la finalisation de sonprogramme de certification HACCP et Iso 22 000. « Nos produits respectent scrupuleusement toutes les normes sanitaires et de sécurité alimentaire, mais la certification est un gage supplémentaire de qualité », explique le patron de l’entreprise, le regard tourné vers un futur plus radieux.
Bilal Sghir
Une analyse du PAM montre qu'une augmentation de 2°C de la température moyenne mondiale par rapport aux niveaux préindustriels entraînera une hausse vertigineuse de 189 millions de personnes supplémentaires aux prises avec la faim. Les communautés vulnérables, dont la grande majorité dépend de l'agriculture, de la pêche et de l'élevage et qui contribuent le moins à la crise climatique, continueront à subir le plus gros des impacts avec des moyens limités pour amoindrir le choc.
Des dizaines de milliers de vies sont en danger dans le sud de Madagascar, l'un des nombreux endroits du monde où le changement climatique a entraîné des conditions similaires à une famine. Des sécheresses consécutives ont plongé près de 1,1 million de personnes dans une situation de faim extrême. Près de 14 000 d'entre elles se trouvent dans des conditions proches de la famine et ce nombre devrait doubler d'ici à la fin de l'année. Jusqu'à 63 % des habitants du sud du pays sont des agriculteurs de première génération qui ont vu leurs moyens de subsistance s'effondrer et leur seule source de nourriture se tarir à cause de la sécheresse.
La crise climatique : un multiplicateur de risques
Lorsqu'elle est associée à un conflit, la crise climatique exacerbe les vulnérabilités existantes, amplifiant les dégâts, la destruction et le désespoir. Les événements climatiques extrêmes dans les zones touchées par les conflits détruisent les ressources déjà maigres dont disposent les familles et entravent même les efforts humanitaires qui parviennent aux communautés. En Afghanistan, une grave sécheresse, associée au conflit et aux difficultés économiques, a laissé un tiers de la population souffrir de la faim.
"Si cela est la nouvelle norme, nous ne pouvons plus continuer à aller de catastrophe en catastrophe. Nous devons aller au-delà de la gestion des conséquences des crises et agir plutôt sur les risques climatiques afin qu'ils n'aient plus le pouvoir de détruire la sécurité alimentaire des communautés vulnérables. C'est à ce niveau qu'intervient l'expertise unique du PAM", a ajouté M. Beasley.
Gérer les risques plutôt que les catastrophes
Le PAM aide les communautés à s'adapter à l'évolution du climat qui menace leur capacité à produire des aliments, à assurer leurs revenus et à résister aux chocs. Il a soutenu 39 gouvernements, les aidant à réaliser leurs ambitions nationales en matière de climat.
En 2020, le PAM a mis en œuvre des solutions de gestion des risques climatiques dans 28 pays, au bénéfice de plus de six millions de personnes afin qu'elles soient mieux préparées aux chocs et aux stress climatiques et puissent se rétablir plus rapidement. Le PAM a mobilisé près de 300 millions de dollars US pour l'action climatique au cours de la dernière décennie.
Au Bangladesh, le PAM apporte aux communautés touchées par les fortes moussons et les inondations une aide en espèces avant les catastrophes afin qu'elles puissent acheter de la nourriture et des médicaments, protéger les biens essentiels et transporter le bétail et les familles dans des lieux sûrs. En utilisant les données du système d'alerte précoce pour déclencher des actions, le PAM a donné aux ménages les moyens de se préparer aux conséquences des inondations et de prévenir les pertes et les dommages. Le coût de l'intervention d'urgence a ainsi été réduit de plus de la moitié.
Le PAM, en collaboration avec ses partenaires, a fourni une assurance contre les risques climatiques à 1,5 million de personnes au Mali, en Mauritanie, au Burkina Faso, au Zimbabwe et en Gambie pour les protéger contre des sécheresses catastrophiques, grâce à l'initiative African Risk Capacity Replica.
"Les conflits plongent aujourd'hui des millions de personnes dans la faim, mais la crise climatique pourrait éclipser les conflits comme principale cause de la faim demain. Il est urgent d'investir dans des systèmes d'alerte précoce et dans des programmes d'adaptation et de résilience au climat pour éviter cette catastrophe humanitaire imminente", a déclaré M. Beasley
Programme alimentaire mondial (PAM)
Pour les bénéficiaires des contenus du rapport, la question est de connaître la signification de la décision de la Banque. Et ce, quant à la pertinence et la crédibilité des indicateurs des anciens rapports, voire des autres activités. En plus des conseils prodigués aux pays partenaires; ainsi que sur ce qui va advenir du suivi du climat des affaires.
La contestation de la pertinence des indicateurs de Doing Business a commencé dès la parution du premier rapport. Certains y ont vu le reflet d’une conception néo-libérale du développement.
Cette attitude est fondée sur la crainte de voir que plus une économie est dirigée et/ou réglementée, moins bons seront les indicateurs de Doing Business. Il s’ensuit naturellement qu’il faudrait plutôt déréglementer et priver les Etats d’outils de mise en œuvre de politique d’orientation de l’investissement et de l’activité économique. Cet argument sous-estime l’intérêt de rendre transparent l’arbitrage que font les politiques publiques entre le recours à des instruments d’administration de l’économie et leurs implications en termes d’entraves au développement des affaires.
La polémique sur la pertinence des indicateurs concerne aussi la méthodologie d’agrégation des indicateurs et de ses implications sur le classement des pays. Le cas du Chili en particulier sera mis en avant pour jeter un doute sur la pertinence voire la crédibilité de ces méthodes et de leurs changements d’une année à l’autre.
En effet, ce qui est relevé dans le cas du Chili, c’est son classement qui va connaitre une oscillation corrélée à l’alternance du pouvoir entre la présidence socialiste (2006-2009 et ensuite 2014-2017) et la présidence conservatrice. On notera que pour les années où le classement global du Chili a fortement baissé, le score des différents indicateurs de Doing Business pour ce pays, n’ont pas toujours baissé. Ou, s’il y a eu baisse pour l’un, il y a eu compensation par l’autre. Ce qui peut donner raison à l’argument des experts de la Banque qui justifient la baisse dans le classement du Chili par la plus grande agressivité des autres pays.
Paul M. Romer, prix Nobel d’Economie, va présenter en janvier 2018, après avoir quitté la Banque, ses excuses au Chili et à d’autres pays affectés par les modifications de méthodologie à l’origine d’une partie de l’évolution du classement. Il expliquera ensuite qu’il ne met pas en cause une manipulation (politique) des chiffres et que les changements de méthodologie étaient justifiés.
Le problème, d’après lui, réside dans l’insuffisance de l’explication de la signification des chiffres et de la baisse du classement. Ce n’est donc pas l’intégrité que met en cause la critique de P. M. Romer. Un rapport d’audit externe va d’ailleurs confirmer l’absence de preuves concernant la manipulation des chiffres pour le cas du Chili.
Il en sera autrement pour les cas des rapports de 2018 et 2020 qui ont provoqué l’abandon le 16 septembre 2021 par la Banque Mondiale de Doing Business, alors qu’il était encore l’un de ses produits phares. La décision de la Banque est d’étayer plusieurs rapports d’audit. Le dernier et le plus décisif étant celui qu’elle a commandé au cabinet juridique international WilmerHale, remis le 15 septembre 2021.
Auparavant, deux missions internes, mais indépendantes, d’audit du processus de collecte et de traitement des données, d’une part, et du recensement des irrégularités, d’autre part, sur la période allant de 2016-2020, ont été menées par la Banque. Les résultats ont été publiés respectivement les 8 et 16 décembre 2020. Les conclusions sont sans appel:
i) Porosité du processus menant depuis la revue par les experts jusqu’à l’étape de publication du rapport qui fait que des interventions illégitimes auraient eu lieu. ii) Quatre irrégularités en tout sont établies, une pour le rapport de 2018, à propos de la Chine, et trois autres pour le rapport de 2020 à propos de l’Arabie saoudite, l’Azerbaïdjan et les Emirats arabes unis.
Le processus des irrégularités s’est déroulé de la même façon en 2018 et en 2020. Une version du rapport – avec scores et classement – a été élaborée par l’équipe d’experts de Doing Business. Une intervention d’un ou plusieurs hauts fonctionnaires de la Banque va mener à une révision que ne justifient, selon les audits, ni la méthodologie, ni la démarche adoptée par les experts du rapport.
Les irrégularités dans les rapports de 2018 et de 2020 montrent qu’une véritable brèche a été ouverte dans le système d’élaboration des rapports. Ce n’est pas tant le nombre d’irrégularités qui est significatif que le rang élevé des responsables et leur implication active ou passive.
Les irrégularités constatées sont graves. Elles se sont même répétées avec plus de légèreté. La pertinence de la question de rendre plus transparent le coût des procédures administratives pour les affaires, objet central de Doing Business, n’est pourtant pas mise en cause. Même s’il peut y avoir débat sur leur raison d’être, en particulier pour ce qui est du besoin d’instruments – administratifs – pour la cohérence et l’efficacité de la politique économique de chaque pays. A partir de ce double constat, deux options ont été mises à la disposition de la Banque Mondiale pour le futur du suivi de la qualité du climat des affaires.
La première, proposée par le rapport WilmerHale d’audit du 15 septembre. Elle porte sur les mesures qui empêcheraient que de telles irrégularités se reproduisent dans le futur. Les recommandations de l’auditeur concernent les procédures et la culture de la Banque.
Quatre axes en particulier sont à renforcer selon les auteurs de l’audit:
La deuxième option est celle adoptée par la Banque elle-même. Elle met fin à Doing Business, tout en promettant de travailler pour arrêter une nouvelle approche du suivi du climat de l’investissement et des affaires. La réaction extrême de la Banque pourrait s’expliquer par le fait que certains des auteurs des irrégularités- par leur implication active ou par leur attitude passive- se situent à de très hauts niveaux de responsabilité de la Banque Mondiale [1]. Si telle est la motivation de sa réaction, elle serait bien en-deçà de ce qui est nécessaire de faire. Il faudrait revoir alors tous les aspects du fonctionnement de la Banque- fiabilité des données et autres décisions- et ne pas se limiter à ce qui s’est passé à propos de Doing Business. Ce serait jeter le bébé et garder l’eau du bain.
Une troisième option aurait pu être envisagée pour préserver les acquis du suivi du climat des affaires tout en tirant les leçons à partir de la dérive qui a eu lieu. Elle se justifie largement par le chemin qui reste encore à faire en matière de climat des affaires. Les données de 2020 montrent que la moyenne de score des pays pour plusieurs indicateurs est encore éloignée du celle du meilleur pays affichant le score le plus élevé. Le déficit en matière de qualité de climat des affaires est encore plus préoccupant dans le cas de la moyenne des pays d’Afrique subsaharienne.
C’est le cas en particulier pour la résolution de l’insolvabilité, l’exécution des contrats, l’obtention de crédit et la protection des investisseurs minoritaires. Pour la création d’entreprises, le score moyen et le score maximal sont proches. En d’autres termes, l’investisseur a une facilité relative au moment de créer l’entreprise, mais rencontrerait des difficultés pour se faire financer et pour obtenir ses droits en cas de litiges.
Cette troisième option consisterait alors à suivre les recommandations du rapport WilmerHale par la mise en place rapide de garde-fous. Tout en continuant la publication de la série de rapports Doing Business. Simultanément, des ajustements de fond seront apportés sur le contenu du suivi du climat des affaires pour le faire revenir à son objectif central- comme l’appréciation du poids des procédures administratives-, au lieu de laisser la question du classement l’emporter sur le reste.
Dans cette option, on prendrait alors en considération plusieurs facteurs en introduisant progressivement et avec célérité, des orientations additionnelles. L’une des plus importantes, pour tirer les leçons du cas du Chili, porte sur l’élargissement du champ du suivi du climat des affaires à la prise en compte- ne serait-ce que par le signalement- des éléments qui pourraient compenser et justifier le poids des procédures administratives.
Un deuxième facteur à prendre en considération serait le poids de tout ce qui n’est pas productif, qui ne fait pas partie de l’utilité des biens et services aux consommateurs ou de la consistance de la richesse en elle-même. Même si ces éléments- non productifs- peuvent être indispensables à la création de richesses.
D’autres facteurs seraient également à apprécier, pour compléter le tableau du climat des affaires: le degré et la nature de la concurrence sur les marchés des biens et services; le poids des incitations et autres soutiens directs ou indirects. De manière à relever les sources de la création de richesse de toute autre opération de transfert ou de protection.
Au niveau de l’interprétation, il sera important de ne pas donner à penser qu’il s’agit de condamner les politiques économiques qui peuvent justifier les unes ou les autres de ces mesures. L’objectif sera toujours celui de rendre compte de la manière la plus transparente possible de l’apport et du coût de ces situations.
Enfin, il serait tout aussi intéressant d’apprécier les pratiques des affaires. C’est-à-dire à la fois la réalité de mise en œuvre effective des dispositions réglementaires d’une part. Par exemple l’applicabilité des décisions de justice pour les litiges du milieu des affaire. Et, d’autre part, au niveau de la nature et la qualité des pratiques commerciales entre entreprises, en termes de relation fournisseurs/clients, par exemple.
Souvent, c’est au niveau du dernier maillon de la chaîne d’application de la réglementation et des relations commerciales que se posent les obstacles au bon fonctionnement de l’entreprise.
En attendant la mise en œuvre de la nouvelle approche, il serait alors indiqué de veiller à ne pas allonger la période de rupture du suivi de la qualité du climat des affaires. C’est ainsi que sera préservé le bébé, après avoir jeté l’eau du bain. Lotfi Bouzaiane
Plusieurs capitales occidentales, de Washington DC à Berlin, en passant par Paris, ont fait entrer le Covid-19 dans une phase de guerre diplomatique. Ils accusent, plus ou moins directement, la Chine d’être responsable de la propagation du virus dans le monde.
Fortement critiqués par leurs opinions publiques du fait de leur réaction tardive et de leur impréparation face à la menace, des dirigeants occidentaux ont trouvé leur bouc émissaire.
Des comptes et des réparations sont demandés à la Chine
Le président américain est passé le premier à l’offensive et a fait savoir que la Chine est d’emblée coupable, du fait de sa gestion des premiers jours de la pandémie. On lui reproche un manque de transparence et une trop longue attente avant de prendre les mesures d’urgence. Les autorités chinoises ont aussi prêté le flanc à cette critique, en revoyant tardivement à la hausse le nombre des morts dans la région de Wuhan, la première touchée. Pour Donald Trump, la question est de savoir si le virus est accidentel et qui est responsable de sa propagation. A quelques mois des élections présidentielles, sa conviction semble déjà faite.
Le président américain a rapidement reçu le renfort de l’Allemagne : dans son édition du 15 avril 2020, « Der Bild », un quotidien le plus diffusé du pays, a publié un article titré : « Ce que la Chine nous doit déjà ». La rédaction de ce média, s’est inspirée d’une interview réalisée avec Michael Pompeo, le Secrétaire d’Etat Américain aux affaires étrangères, et où il déclarait : « Le temps viendra où les responsables devront rendre des comptes ». Le quotidien allemand publie ainsi une facture à présenter à la Chine et qui s’élèverait à 149 milliards d’euros.
La liste des dommages inclut 27 milliards d’euros de pertes pour le tourisme, 50 milliards d’euros pour les petits business ou encore 1 million d’euros par heure perdue pour le transporteur aérien Lufthansa. Les officiels allemands n’ont pas commenté cet article, ni en bien, ni en mal. La stratégie n’est pas différente de celle de la France, où de grands médias, suivis de quelques hommes politiques, ont docilement emboité le pas des Etats Unis pour charger la Chine.
La Chine, un bouc-émissaire très réactif
Mais la Chine n’est pas un bouc-émissaire passif. Elle a des arguments. « A l'heure où le monde entier se mobilise contre l'épidémie, des médias qui se prennent pour des parangons d'impartialité et d'objectivité, des experts et des politiciens de certains pays occidentaux semblent plus soucieux de calomnier, de stigmatiser et d'attaquer la Chine que de réfléchir aux moyens de contenir l'épidémie chez eux et dans le reste du monde », peut-on lire dans une note écrite par « un diplomate » chinois en poste à l’Ambassade de France.
Sur le retard dans la gestion de la crise, Pekin cite tout ce qui a été fait, « pendant que sur les chaînes de télévision occidentales, on traitait cette actualité, comme un fait divers ». « Si on considère toujours que la Chine a traîné, qu'ont donc fait les Européens et les Américains pendant les deux mois qui ont suivi le premier signalement de la Chine et un mois après la fermeture de Wuhan ? Leurs dirigeants ont déclaré qu'il ne s'agissait que d'une « grippette », qu'il était inutile de s'inquiéter, que le virus ne frappait que les Jaunes et que de fait, le risque de le voir circuler dans leurs pays était minime », peut-on lire dans ce document très offensif.
L’ Afrique ne demande pas des réparations, mais de l’aide
Face à cette bataille, l’Afrique qui est, comme tout le monde, victime de la pandémie, semble observer la scène. Au mieux, elle tente de négocier une aide des pays occidentaux et de la communauté de bailleurs, alors que sa diplomatie pourrait elle aussi demander des réparations. En effet, dans presque tous les pays du continent, les premiers cas de Covid-19 sont venus d’Europe et non d’Asie. Le continent noir peut donc faire de même et demander des réparations pour cette « négligence » de la part de ses partenaires historiques.
D’autant plus qu’aujourd’hui, tant en Chine qu’en Europe, on craint qu’une épidémie mal maitrisée en Afrique pourrait provoquer une seconde vague mondiale de contaminations. Des cas de stigmatisations d’Africains à travers le monde commencent même à émerger, comme par exemple en Chine dans la ville de Canton.
Les institutions de Breton Woods et les pays riches ont finalement accepté de faire un geste, qui reste très modeste. Au total 77 pays parmi les plus pauvres de la planète, dont une quarantaine de pays africains, bénéficieront d’une « suspension » de remboursement de dette qui peut atteindre 27 milliards $, de la part des membres du G20. Déjà, au regard des engagements annoncés pour les pays développés, cette somme parait bien faible. Si on se réfère aux 8000 milliards $ annoncés au niveau international, l’assistance à l’Afrique représente 0,3% de ces engagements.
En plus, la confirmation de cette suspension du remboursement de la dette se négocie pays par pays. Il faudra, pour chaque gouvernement qui souhaite en bénéficier, avoir déjà obtenu une des assistances du Fonds Monétaire International (FMI) qu’est la Facilité Rapide de Crédit, ou un Instrument de Financement Rapide. Autrement dit, pour obtenir une suspension du remboursement d’une partie de sa dette, il faudra encore s’endetter.
Et pour la dette climatique, que fait-on ?
Enfin, si la communauté internationale envisage de faire payer des Etats jugés coupables de dommages internationaux, il faudra, au nom de ce nouveau principe, que l’Afrique songe à présenter une juste facture pour les conséquences du changement climatique dont elle n’est en rien responsable et dont la communauté scientifique internationale a clairement identifié les coupables.
Plusieurs chefs d’Etat africains sont récemment montés au créneau, en promettant que leurs relations avec le monde ne seront plus les mêmes après le Coronavirus. La question est désormais de savoir jusqu’où doit aller l’Afrique dans la défense de ses propres intérêts.
Idriss Linge
Agence Ecofin
Le 8 novembre 2016, le paysage politique américain subissait un véritable séisme politique avec l’élection de Donald Trump, candidat républicain donné perdant par la plupart des sondages. Près de quatre ans après son élection, les effets de la nouvelle politique étrangère promue par le chef de file du « America First » se sont fait ressentir dans tous les pays, en particulier ceux du continent africain.
Des échanges commerciaux faibles
Avant l’arrivée de Donald Trump, les relations commerciales américano-africaines étaient déjà à un niveau jugé assez faible par rapport à d’autres pays. Depuis le pic de 141,8 milliards $ atteint en 2008, les échanges de biens entre l’Afrique et les Etats-Unis n’ont franchi la barre des 100 milliards $ que deux fois (113,3 milliards $ en 2010 et 125 milliards $ en 2011) sous le premier mandat du président Barack Obama, selon les chiffres du Bureau américain des recensements. Depuis lors, ils ont continué à chuter.
Alors que la résilience de la croissance africaine et son futur marché unique ont poussé les plus grandes puissances mondiales à booster leurs échanges commerciaux avec le continent, cette tendance ne semble pas être partagée par les Etats-Unis. En 2019, les échanges de biens entre Washington et les pays africains étaient estimés à 56,8 milliards $, soit une baisse de 8,07% par rapport aux 61,8 milliards $ estimés en 2018. A titre comparatif, les échanges commerciaux entre la Chine et l’Afrique ont grimpé de 2,2% en 2019 pour atteindre 208,7 milliards $.
D'après le ministère américain du Commerce, en 2018, tous les pays d’Afrique subsaharienne réunis ne pesaient que 1% des exportations américaines, et également 1% des importations. Même si l’Afrique occupe une part marginale dans les échanges commerciaux américains, de nombreuses initiatives telles que l’African Growth Opportunity Act (AGOA) ont permis d’enregistrer des progrès sensibles depuis 2001. Toutefois, la récente utilisation par Donald Trump de cet accord comme moyen de pression sur des Etats africains ne semble pas propice au développement des échanges commerciaux entre les deux parties. En 2015 par exemple, le Kenya, le Rwanda, l'Ouganda et la Tanzanie, dans une logique de protection de leur marché intérieur, se sont mis d'accord pour augmenter les taxes sur les fripes en provenance des États-Unis. Cette décision avait poussé l’administration Trump, sous l'influence de l'Association américaine de textiles d'occasion et recyclés (Smart), qui dénonçait l'imposition de droits de douane sur les exportations américaines, à exercer des pressions sur ces pays pour la réouverture de leurs marchés. Seul le Rwanda avait maintenu jusqu’au bout sa décision ; ce qui avait entraîné une suspension de ses avantages commerciaux relatifs aux exportations de vêtements vers les États-Unis. Plus récemment, c’est le Cameroun qui était exclu de l’AGOA, Washington accusant les forces armées camerounaises d’atteintes aux droits humains.
Une coopération sécuritaire de moins en moins certaine…
Si les relations commerciales USA-Afrique n’ont pas atteint un niveau assez suffisant pour faire de Washington un partenaire incontournable du continent noir, il n’en est pas de même en matière de coopération sécuritaire.
Au cours des dernières années, les Etats-Unis sont devenus un acteur important en matière de fourniture d’armement aux Etats et de lutte contre le terrorisme en Afrique. D’ailleurs, à son arrivée à la Maison-Blanche, Donald Trump indiquait que l’un des axes prioritaires de sa politique étrangère serait la lutte contre le « terrorisme islamique radical ». Pourtant les déclarations faites ces derniers mois semblent remettre en question cette stratégie, au point de représenter, pour certains observateurs, une menace à terme pour la coopération sécuritaire américano-africaine sur le continent.
Fin décembre 2019, les autorités américaines annonçaient leur intention de réduire leurs effectifs en Afrique pour renforcer leurs positions en Asie, pendant que certains responsables américains reprochaient déjà aux pays africains de ne pas être assez impliqués dans la lutte contre le terrorisme. Cette annonce, intervenant à quelques mois de la prochaine présidentielle, cadre bien avec l’une des promesses de campagne de Donald Trump en 2016 ; celle de retirer les USA de ce qu’il appelle les « guerres sans fin ».
Il faut noter qu’entre 6000 et 7000 soldats américains sont actuellement présents en Afrique. Si ce nombre reste modeste, le rôle de ces hommes est assez crucial, notamment en Afrique de l’Ouest où le terrorisme et les violences intercommunautaires ne cessent de croître depuis 2013.
Par exemple, l'US Air Force dispose à Agadez (Niger) d'une importante base de drones, utilisés par les soldats français de la force Barkhane pour désigner des cibles, et récolter du renseignement. Dans le Sahel, les soldats américains comblent également d'autres lacunes de l'armée française et des soldats ouest-africains, en matière de ravitaillement en vol et de transport logistique aérien. Avec son intervention dans la formation, l'équipement et le financement des armées locales, en particulier nigérienne et mauritanienne, l’armée américaine occupe donc une place importante dans la lutte contre Al-Qaïda au Maghreb Islamique, Boko Haram ou encore la menace grandissante de l’Etat Islamique dans le Grand Sahara (EIGS).
Un retrait américain de la région pourrait pousser les pays africains, principalement ceux du G5 Sahel ainsi que leur partenaire français, à repositionner leurs pions sur l’échiquier ouest-africain de la guerre contre le terrorisme. Une réorganisation qui, en plus de nécessiter plus de temps et de moyens, pourrait réduire leur efficacité sur le terrain et les exposer à une plus grande résurgence des attaques terroristes.
… sur fond de tensions diplomatiques
Le mandat de Donald Trump aura également été marqué par de nombreuses tensions diplomatiques avec les Etats africains. Celles-ci ont été aussi bien alimentées par les décisions prises dans le cadre de la politique d’immigration du pays que par les déclarations publiques du patron de la Maison-Blanche.
En effet, dès son arrivée au pouvoir, l’un des premiers décrets que prend le nouveau président est d’interdire l’accès au sol américain aux ressortissants de plusieurs pays du monde musulman, dont la Libye et le Soudan. En janvier dernier, le chef d’Etat a fait savoir que de nouvelles mesures de restriction de visa s’étendraient à d’autres pays du continent, dont le Nigeria, l’Erythrée, le Soudan et la Tanzanie.
Ces décisions ont été dénoncées par de nombreux Africains et par des autorités étatiques, notamment le gouvernement érythréen qui condamne un « acte inamical qui va à l'encontre de la politique d'engagement constructif affichée par l'administration Trump pour réparer les torts du passé ».
En plus des nombreuses décisions politiques démontrant le peu d’intérêt de l’administration Trump pour l’Afrique, le discours du président américain généralement qualifié de « politiquement incorrect » n’a pas manqué de susciter de nombreuses controverses. Début 2018, le milliardaire président qualifiait les pays africains de « pays de merde », lors d’une entrevue avec plusieurs sénateurs, dont le républicain Lindsey Graham et le démocrate Richard Durbin, dans le Bureau ovale. « Pourquoi est-ce que toutes ces personnes issues de pays de merde viennent ici ? », avait-il alors déclaré selon des sources citées par le Washington Post. Une déclaration qui avait alors enflammé les réseaux sociaux et suscité l’indignation sur le continent.
La dernière des priorités
Malgré ces relations tumultueuses, certains points positifs sont à souligner. Des programmes adoptés sous le mandat du président Barack Obama en faveur du continent ont été perpétués par son successeur. C’est le cas de l’initiative Power Africa, lancée en 2013 pour appuyer la croissance économique et le développement sur le continent grâce à un meilleur accès à une énergie fiable, abordable et durable. D’après le gouvernement, en 2018, l'USAID et le Département d'État américain ont fourni une aide de 8,5 milliards de dollars à 47 pays et 8 programmes régionaux en Afrique subsaharienne.
Malgré cette aide, ainsi que les récentes intentions de conclure des accords de libre-échange avec le continent, l’Afrique semble être la dernière des priorités du président Donald Trump. Même si les différents secrétaires d’Etat qui se sont succédé dans son gouvernement ont déjà visité le continent (Rex Tillerson en 2018, Mike Pompeo en 2020), le président Trump n’a encore effectué aucun déplacement dans une Afrique qui est presque annuellement à l’agenda de son homologue chinois, et de plus en plus de ses homologues français, allemand et même israélien. Si la situation perdure jusqu’à la fin de l’année, le chef d’Etat deviendrait d’ailleurs le premier président américain à ne pas visiter l’Afrique pendant son premier mandat, depuis 1990.
La plupart des nouveaux programmes de coopération de l’administration Trump semblent davantage destinés à contrer l’influence jugée « néfaste » de la Chine sur le continent, qu’à accompagner l’Afrique dans sa transition vers le développement.
L’initiative « Prosper Africa », lancée en juin 2019 à Maputo (Mozambique) pour permettre aux USA d’investir 50 milliards $ en Afrique au cours des prochaines années semblait d’ailleurs s’inscrire dans ce registre. Les entreprises américaines offrent une « valeur inégalée », avait alors déclaré la secrétaire d'État au Commerce, Karen Dunn Kelley, lors de la présentation du projet. « Pourtant, nous avons perdu du terrain face aux pratiques commerciales de plus en plus sophistiquées - mais trop souvent opaques - des concurrents étrangers », avait-elle ajouté, en référence aux méthodes chinoises de financement en Afrique.
A quelques mois de la prochaine présidentielle, tous les regards sont désormais tournés vers le Parti démocrate qui devrait bientôt désigner son champion pour affronter Donald Trump. En cas de réélection du sortant, il semble peu probable que l’Afrique devienne une « priorité », même si l’ancien magnat de l’immobilier a annoncé vouloir doubler les échanges commerciaux USA-Afrique au cours des prochaines années.
Moutiou Adjibi Nourou
Agence Ecofin
Il ressort du rapport Doing Business 2020 de la Banque Mondiale que les gouvernements de 115 pays ont mis en œuvre 294 réformes, au cours de l'année précédente, dans le but de faciliter les conditions d’exercice du secteur privé ; ouvrant la voie à davantage d'emplois, à une expansion de l'activité commerciale et à une augmentation des revenus pour un grand nombre d’habitants.
Dix-septième édition de l’étude annuelle évaluant les réglementations qui facilitent ou limitent l'activité des petites et moyennes entreprises, le Rapport revient sur les réformes mises en œuvre dans dix domaines d'activité économique et dans 190 pays du monde, sur une période de douze mois expirant le 1er mai 2019.
Les environnements favorables aux entreprises sont associés à de moindres niveaux de pauvreté, tandis que l’efficacité des processus réglementaires stimule l’entreprenariat, les startups, l'innovation et l'accès au crédit et aux investissements.
Selon David Malpass, président du Groupe de la Banque mondiale, « les gouvernements peuvent promouvoir un développement axé sur le marché et favoriser une croissance à base élargie en adoptant des réglementations qui aident les entreprises à exister, à embaucher et à accroître leurs activités. L'élimination des obstacles pour les entrepreneurs est synonyme d’amélioration de l’emploi, de hausse des recettes fiscales et d’augmentation des revenus, soit autant d'éléments requis pour réduire la pauvreté et améliorer les niveaux de vie ».
En fait, l’étude Doing Business n’est pas censée servir de guide à l’investissement, mais pour fournir des indicateurs sur l'évolution du cadre d'activité des entreprises et la facilité de faire des affaires à travers le monde.
Les dix économies où le climat des affaires s'est le plus amélioré sont l'Arabie saoudite, la Jordanie, le Togo, Bahreïn, le Tadjikistan, le Pakistan, le Koweït, la Chine, l'Inde et le Nigéria. La Chine et le Togo figurent dans le top 10 pour la deuxième année consécutive, et l'Inde pour la troisième année d'affilée, signe que les processus de réforme de la réglementation des affaires s’inscrivent sur plusieurs années. Bahreïn est le pays qui a mis en œuvre le plus grand nombre de réformes et il a progressé dans neuf des dix domaines évalués par l'étude. La Chine et l'Arabie saoudite suivent, avec huit réformes chacune.
3500 réformes de l’environnement des affaires adoptées dans 186 des 190 économies étudiées
Les dix économies qui obtiennent la meilleure note dans le classement sur la facilité de faire des affaires sont la Nouvelle-Zélande, Singapour, la RAS de Hong Kong en Chine, le Danemark, la République de Corée, les États-Unis, la Géorgie, le Royaume-Uni, la Norvège et la Suède. Les pays les plus performants se sont en général dotés de systèmes numériques pour la constitution d'une société, la déclaration des revenus et les procédures liées aux transferts de propriété.
L’étude met en revanche en évidence que 26 pays ont pris des mesures ayant entraîné de nouveaux obstacles à l'activité des entreprises, en augmentant notamment les coûts d'exploitation. Les conditions d'exercice d’un entrepreneur diffèrent considérablement selon le niveau de performance des pays. Par exemple, il faut en moyenne près de six fois plus de temps pour créer une entreprise dans les économies figurant dans les 50 derniers rangs du classement que dans les 20 premiers. Le transfert de propriété dans les 20 premiers pays prend moins de deux semaines, contre trois mois dans les 50 derniers. Enfin, le raccordement au réseau électrique dans une économie figurant dans les 50 derniers rangs du classement prend deux fois plus de temps en moyenne que dans les 20 premiers, et le coût de ce raccordement y est 44 fois plus élevé en pourcentage du revenu par habitant.
L’étude Doing Business évalue les avancées dans dix domaines : création d'entreprise, obtention de permis de construire, accès à l'électricité, enregistrement des biens fonciers, obtention de crédit, protection des investisseurs minoritaires, paiement des impôts, commerce transfrontalier, exécution des contrats et règlement des faillites. Un autre domaine, celui de l'emploi de main-d’œuvre, est également mesuré, mais il n'est pas pris en compte dans le classement.
Au cours de la période étudiée, les réformes ont principalement porté sur l'obtention de permis de construire, l'accès à l'électricité et le paiement des impôts. De fait, les réformes concernant les permis de construire et l'accès à l'électricité ont bondi ces dernières années. La plupart des 37 pays qui ont simplifié la délivrance des permis de construire ont rationalisé les échanges entre les organismes concernés pour l'approbation préalable et les inspections. Pour raccorder plus efficacement les entreprises au réseau électrique, 16 économies ont réalisé des investissements considérables dans la modernisation de leurs infrastructures. Résultat : la durée moyenne des coupures d'électricité dans le monde a été réduite de plus de 8 % entre 2017 et 2018.
A noter que, depuis son lancement en 2003, l'étude Doing Business a recensé l’adoption de plus de 3500 réformes de l’environnement des affaires dans 186 des 190 économies étudiées.
L'OCDE (Organisation de Coopération et de Développement Economiques) se veut peu optimiste quant à l'avenir de l'économie mondiale. L'Institution fait le constat d'une dégradation des perspectives économiques, aussi bien pour les pays avancés que les pays émergents. Selon elle, "en l'absence de mesures énergiques des pouvoirs publicsla croissance mondiale pourrait rester bloquer à un niveau durablement bas".
C'est ainsi que l'exacerbation des conflits commerciaux remet de plus en plus en cause la confiance des investisseurs. La conséquence est l'accentuation de l'incertitude liée à l'action publique et l'aggravation des risques sur les marchés de capitaux. D'après l'OCDE, la croissance de l'économie mondiale ne dépassera pas 2.9 % en 2019 et 3 % en 2020, soit les taux annuels les plus bas enregistrés depuis la crise financière ; alors que les risques de baisse ne cesseront d'augmenter.
D'après ces Perspectives les conflits commerciaux constituent le principal facteur pesant sur la confiance, la croissance et la création d'emplois à l'échelle mondiale. De même que la persistance des restrictions commerciales et de l'incertitude politique pourraient avoir des effets négatifs supplémentaires. Le dynamisme de la demande de consommation a certes soutenu jusqu'ici la production du secteur des services, mais l'atonie persistante des secteurs manufacturiers et les tensions commerciales qui perdurent pourraient peser sur la croissance de l'emploi, les revenus des ménages et les dépenses.
Une forte incertitude prévaut toujours quant au calendrier et à la nature du retrait du Royaume-Uni de l'Union européenne (UE), en particulier au regard de l'éventualité d'une sortie sans accord, qui pourrait faire basculer l'économie britannique dans la récession en 2020 et entraîner des perturbations sectorielles en Europe. D'autres risques, notamment le ralentissement global de l'économie chinoise et la forte vulnérabilité des marchés de capitaux découlant de la conjonction problématique du ralentissement de la croissance, du niveau d'endettement élevé et de la dégradation de la qualité du crédit, pèsent également sur la croissance future.
Au regard de ses Perspectives, l'OCDE appelle les banques centrales à maintenir l'orientation accommodante de leur action dans les économies avancées, mais souligne que l'efficacité de la politique monétaire pourrait être renforcée dans nombre de ces économies si elle était davantage étayée par les politiques budgétaire et structurelles. D'après le rapport, les pouvoirs publics devraient recourir davantage à la politique budgétaire pour soutenir l'activité économique, en tirant partie du niveau exceptionnellement bas des taux d'intérêt à long terme pour accroître l'investissement public en vue d'étayer la demande à court terme et la prospérité future. Des réformes structurelles plus ambitieuses s'imposent dans toutes les économies pour contribuer à compenser l'impact des chocs d'offre négatifs découlant de la montée des restrictions aux échanges et aux investissements internationaux, ainsi que rehausser les niveaux de vie et améliorer les perspectives à moyen terme.
Le Conseil ministériel de l'OFID ((le Fonds de l’OPEP pour le Développement International) a tenu sa 40ème session annuelle, à Vienne en Autriche, au cours de laquelle il a approuvé les principes généraux du nouveau Cadre stratégique de l’Institution. La nouvelle stratégie de l'OFID affirme « l’engagement à fournir un appui aux pays en développement, en particulier aux pays à faible revenu ».
Lors de cette réunion, le Directeur général de l'OFID, Abdulhamid Alkhalifa, a expliqué que « la vision de l'OFID est d'être une institution de financement pertinente, souple et efficace, capable d'avoir un impact maximal sur le développement des pays partenaires ».
Au cours des prochains mois, l'OFID s'engagera sur la voie de la diversification de ses ressources financières et de la mise en œuvre d'un ensemble cohérent d'actions visant à accroître l'efficacité de l'Institution et à la doter d'instruments opérationnels et financiers plus innovants et mieux adaptés.
Dans le cadre de sa nouvelle stratégie, l'OFID met l'accent sur les partenariats, notamment avec des organisations telles que la Banque mondiale, les banques régionales de développement et les organismes bilatéraux et multilatéraux des pays membres, ainsi que les institutions spécialisées des Nations Unies. Outre le renforcement des partenariats existants, l'OFID vise à nouer de nouvelles relations pour revitaliser le partenariat mondial à l'appui du développement durable.
La session publique du Conseil ministériel a vu la présentation du Prix annuel de l'OFID pour le développement. Le Prix pour cette année a été décerné à Vida Duti, Directrice nationale du Centre international de l'eau et de l'assainissement de l'IRC au Ghana, en reconnaissance de son « travail remarquable » et de son « engagement pour assurer des services durables d'eau, d'assainissement et d'hygiène (WASH) pour la population du Ghana ».
Lors de cette session, le Conseil ministériel a également examiné et approuvé les états financiers de l'OFID. Ceux-ci font état d'engagements cumulés dépassant les 23,4 milliards de dollars.
L'OFID entend continuer d'appuyer les efforts déployés à l'échelle mondiale pour surmonter les obstacles au développement et ce, en participant au financement des activités du secteur privé dans les pays en développement et en contribuant aux ressources des autres institutions de développement. Les prêts au secteur public, y compris aux pays à faible revenu, continueront de représenter la plus grande partie du portefeuille de prêts de l'OFID à l'avenir.
Déjà présent dans 19 pays en Europe, Amérique Latine, Asie et Moyen Orient, le groupe Diaverum poursuit son développement international sur le continent africain avec une première implantation au Maroc. A l'heure actuelle, le Royaume compte plus de 25 000 patients requérant une suppléance extra-rénale. Le Maroc présente aussi des fondamentaux démographiques qui préfigurent une augmentation importante des besoins en soins néphrologiques à moyen terme.
Le groupe Diaverum a choisi d’engager sa stratégie de développement dans le
Royaume avec le Centre d’Hémodialyse de Marrakech (CHM). Celui-ci a été créé en 1991, puis relocalisé en 2015, par le Docteur néphrologue Idrissi Kaitouni.
« Je me réjouis de ce partenariat avec le groupe Diaverum dont l’approche
patient m’a beaucoup sécurisé par la qualité de sa politique de soins néphrologiques, ainsi que par la bienveillance manifeste portée tant par les standards de soins que par les valeurs de
l’entreprise », a notamment déclaré le Docteur Kaitouni.
Pour Hervé Gourgouillon, Directeur Général de Diaverum France, « ce qui a
d’abord fondé notre partenariat est notre souci commun d’assurer une amélioration continue de la prise en charge, grâce à la combinaison de nos compétences respectives, et d’investir dans un
développement de qualité et de proximité des patients et vacanciers autour de Marrakech ».
Diaverum souhaite non seulement améliorer la prise en charge des patients
locaux, mais également faire bénéficier des patients étrangers, désireux de visiter le Maroc, d’une offre coordonnée de services ; notamment dans le cadre de son programme de vacances « d.Holiday
» et de son réseau international de centres, ainsi qu'en s’appuyant sur son programme de formation continue des équipes soignantes « d.Academy ».
Il est urgent d’activer le processus d’intégration régionale, afin d’accélérer la transformation économique de l’Afrique. C’est ce qui ressort de la cérémonie d’ouverture des Assemblées
annuelles de la Banque africaine de développement (BAD), qui s’est tenue le 12 juin à Malabo, en Guinée Equatoriale, sous le thème : « L’intégration régionale pour la prospérité économique
de l’Afrique ».
Lors de cette rencontre, le président de la BAD, Akinwumi Adesina, a fait remarquer que « séparée et divisée, l’Afrique est affaiblie. Rassemblée et unie, l’Afrique est inarrêtable ». Et
d’appeler les gouvernements africains à supprimer les barrières non tarifaires, estimant que « la suppression de ces barrières suffira, à elle seule, à accroître le commerce intra-africain d’au
moins 53% et potentiellement de le doubler ».
La cérémonie d’ouverture était présidée par le chef d’Etat de la Guinée Equatoriale , Teodoro Obiang Nguema Mbasogo. Dans son allocution d’ouverture, le président guinéen a rappelé que son
pays, autrefois l’un des les plus pauvres du monde, s’était radicalement transformé pour devenir l’un des pays au revenu par habitant les plus élevés du continent. D’après lui, « le
développement ne relève pas du revenu par habitant, mais plutôt de l’accroissement des opportunités offertes aux personnes pour qu’elles puissent mener une vie plus digne ».
La BAD a investi plus de 13 milliards de dollars en Afrique Centrale
L’intégration régionale constitue l’une des cinq grandes priorités stratégiques, « High 5 », de la BAD pour accélérer la transformation économique de l’Afrique. Ces dernières années, la
Banque a investi plus de 13 milliards de dollars américains en Afrique centrale. « Et pour chaque dollar que nous y avons investi, la région a généré 36 dollars, un taux de rendement incroyable
de 36 ! », s’est félicité Akinwumi Adesina. Parmi ces investissements figure la réalisation du réseau à fibre optique de la région d’Afrique centrale. Reliant ses populations au moyen d’un accès
plus rapide et moins onéreux à l’Internet, ce réseau a donné un coup de fouet à l’activité économique et à l’intégration régionale.
« Les opportunités économiques de l’Afrique, qui sont illimitées, suscitent partout un grand enthousiasme. La zone de libre-échange continentale en Afrique, qui vient d’être ratifiée, fera du
continent la plus grande zone de libre-échange dans le monde, avec un PIB combiné de plus de 3 300 milliards de dollars américains », a conclu le président Adesina.
Le terme «métal précieux» est employé pour désigner les éléments chimiques métalliques rares, non radioactifs et de très grande valeur économique. Moins réactifs que les autres métaux, ces éléments ont plus d’éclat, sont plus mous et plus malléables. Les plus populaires d’entre eux sont l’or, l’argent et le platine connus tous les trois pour leurs usages industriels, mais également pour leur utilisation dans l’art, la joaillerie et la monnaie. Outre ces trois noms, il faut citer également le rhodium et le palladium, appartenant à la catégorie des «métaux du groupe du platine».
L’or Selon un rapport de la Banque mondiale, datant d’avril 2019 et portant sur les perspectives du marché des matières premières, le prix de l’once troy d’or (toz) était en hausse constante au cours du premier trimestre de l’année. Il augmenté de 6,1% par rapport au dernier trimestre 2018 (1 304 $/toz contre 1 229 $/toz). Le prix a été supporté par une forte demande des banques centrales des marchés émergents, en particulier la Chine, l'Inde, la Russie et la Turquie, qui ont accru leurs avoirs en or afin de diversifier leurs bases d’actifs. Cela a compensé la faible demande industrielle et la baisse continue de l’utilisation de l'or dans les applications dentaires en raison de la préférence pour des alliages de porcelaine moins chers.
Pour 2019, la Banque mondiale prévoit une légère hausse de 3,2% par rapport à 2018 où le prix de l’or affichait une moyenne de 1269 $/toz. Selon les mêmes prévisions, le prix moyen de l’or devrait tourner autour des 1350 $/toz durant les trois prochaines années. Le trio de tête des plus grands producteurs d’or en Afrique a été chamboulé en 2018. L'Afrique du Sud a perdu son leadership au profit du Ghana, alors que le Soudan fait aussi mieux que les années précédentes.
Le Ghana a ravi la place de premier producteur d’or du continent à l’Afrique du Sud en 2018. Le pays a produit, selon la Banque mondiale 158 tonnes d’or, en hausse de 15,32% par rapport à la production de 2017 (137 tonnes). L’entrée en production en 2017 des mines Wassa et Prestea de Golden Star Resources a probablement été le principal moteur de cette croissance. La plus grande mine du pays demeure toutefois Tarkwa, propriété du Sud-Africain Gold Fields. Ce dernier opère également sur la mine Damang, où il prévoit de prolonger à 2024 la durée de l’exploitation. On retrouve aussi dans le pays, AngloGold Ashanti, active sur la mine Obuasi, Golden Star Resources ou encore Asante Gold et Perseus Mining.
Le Soudan a produit, selon les données de la Banque mondiale, 127 tonnes d’or en 2018, en hausse de 18,7% par rapport à l’année précédente. Le Soudan qui avait déjà devancé le Mali en 2016, en devenant le 3ème producteur d’or d’Afrique, passe désormais devant l’Afrique du Sud. Le secteur aurifère soudanais est dominé par l’exploitation artisanale, qui représentait en 2015, 85% de la production. Les gisements d’or se répartissent dans trois régions, en l’occurrence le Nord Soudan, précisément Wadi Halfa et Atbara, le long des montagnes de la Mer rouge notamment les zones d’Ariab et d’Abu Sari ainsi que dans l’Etat du Nil bleu. Quand on observe l’évolution de la production depuis 2009, on peut sans hésiter dire que l’or soudanais a encore de très beaux jours devant lui.
Entre épuisements des réserves aurifères, et crise minière, l’Afrique du Sud a dégringolé dans le classement des plus grands producteurs d’or du continent. Longtemps leader incontesté, le pays n’a produit en 2018 que 119 tonnes d’or selon la Banque mondiale (contre 137 tonnes en 2017). Sa performance décroit chaque année depuis 2013, alors que son secteur minier fait face à de nombreux défis. Le pays est ainsi très loin des 522 t de production d’or atteinte en 1995. En Afrique du Sud, on retrouve de grandes mines d’or et le pays est l’hôte de plusieurs grandes compagnies minières. Parmi les plus grands gisements, citons la mine TauTona, reconnue comme étant la mine la plus profonde au monde avec 3,9 km de profondeur, et exploitée par AngloGold Ashanti. Il y a également les mines Driefontein, Kloof, appartenant au géant aurifère Sibanye Gold qui a procédé en 2012 à une scission avec Gold Fields.
L’argent
Entre janvier et mars 2019, le prix de l’once troy d’argent a également augmenté de 6,9% par rapport au trimestre précédent (15,6 $/toz contre 14,6 $/toz). Cette hausse serait principalement due à une forte demande d’investissement en provenance d’Inde, ainsi que des secteurs de la bijouterie et de fabrication d’orfèvrerie.
Toutefois, la demande industrielle d'argent, qui représente plus de la moitié de la demande totale, demeure faible. Entre autres facteurs négatifs, l'utilisation de l'argent dans l'énergie photovoltaïque devrait diminuer, car c'est l'un des composants les plus chers. Selon la Banque mondiale, le prix de l’argent ne devrait pas subir de grands changements durant les prochaines années. Il devrait tourner autour des 15,7 $/toz jusqu’en 2021.
Le Maroc est sans doute le leader africain de la production d’argent. Selon les données de la Banque mondiale, la production marocaine s’élevait à 231 tonnes en 2018, contre 239 tonnes en 2017. Le pays se classe 15e mondial dans la production du métal. Parmi les plus grands gisements du pays, citons la mine Zgounder gérée par la compagnie Maya Gold & Silver. Cette dernière a conclu en 2012 un accord pour réhabiliter cet ancien site minier et a repris la production en août 2014. Hormis Zgounder, il y a également la mine Imiter, propriété du Groupe Managem qui la gère via la Société Métallurgique d’Imiter.
Le platine
Les prix du platine sont restés inchangés au premier trimestre de 2019 après avoir fortement baissé au cours des trois premiers trimestres de 2018. Le métal s’est négocié à une moyenne de 823 $/toz. En glissement annuel, le prix du platine a baissé de 15,76%. La demande des secteurs de la bijouterie et automobile, qui représentent chacun environ les deux cinquièmes de la demande de platine, continue d'afficher une tendance à la baisse. Le platine, largement utilisé dans les convertisseurs catalytiques des véhicules à moteur diesel, a perdu la faveur en Europe en raison de la baisse de la part de marché des véhicules diesel. Le prix de l’once troy de platine devrait baisser cette année, passant de 880 $ à 840 $. Cependant, il devrait être de nouveau à la hausse à partir de 2020 pour atteindre 925 $ en 2022, selon la Banque mondiale.
L’Afrique du Sud héberge 80% des réserves de platine restantes sur terre selon le site Planetoscope.com. Le pays contribuerait avec la Russie pour 90% de la production mondiale. Selon les données de la Banque mondiale, l’Afrique du Sud a produit en 2017, 132,3 tonnes de platine (en légère baisse par rapport aux 133,2 tonnes de 2016), la Russie (2e) étant loin derrière avec 22 tonnes. Alors que la nation arc-en-ciel vit depuis des années une crise minière, le secteur du platine est l’un des rares à sortir la tête de l’eau. L’Afrique du Sud est l’hôte du plus grand producteur de platine au monde, Anglo American Platinum qui opère sur les mines Amandelbult ou Mogalakwena. D’autres sociétés détiennent également de grands projets de platine dans le pays, en l’occurrence Sibanye Gold, Northam Platinum ainsi qu’Impala Platinum.
Derrière l’Afrique du Sud et la Russie, on retrouve le Zimbabwe qui a produit 14,6 tonnes en 2017 et 15 tonnes en 2016. Le pays est ainsi le deuxième producteur du métal en Afrique. La plus grande entreprise de platine du pays est Zimplats, détenue par Impala Platinum, et qui opère sur la mine Ngezi. Outre Ngezi, il faut également citer le projet Darwendale. Selon certaines sources, le Zimbabwe héberge la deuxième plus grande réserve de platine au monde, après l’Afrique du Sud et devant la Russie. Pour tirer plein profit de cette richesse le pays devra revoir sa politique minière qui a fait fuir bon nombre d’investisseurs.
Au moment où les guerres commerciales font les gros titres, quels pays sont perdants et lesquels s’avèrent gagnants ? Et que signifient les différends actuels pour les pays en développement ? Une
nouvelle étude de la CNUCED examine les répercussions des hausses tarifaires en vigueur aux États-Unis et en Chine, ainsi que les effets de leur augmentation annoncée pour le 1er mars.
"En raison de la taille de leurs économies, les taxes douanières imposées par les États-Unis et la Chine auront inévitablement des répercussions importantes sur le commerce international", a
déclaré Pamela Coke-Hamilton, qui dirige la division du commerce international de la CNUCED, en lançant le rapport Key
Statistics and Trends in Trade Policy 2018 (Principales statistiques et tendances en matière de politique commerciale en 2018).
L'étude souligne que les tarifs bilatéraux ne contribueraient guère à aider les entreprises nationales sur leurs marchés respectifs.
"Notre analyse montre que si les tarifs bilatéraux ne sont pas très efficaces pour protéger les entreprises nationales, ils restent des instruments très efficaces pour limiter le commerce avec le
pays visé ", a expliqué Mme Coke-Hamilton. "L’impact des tarifs douaniers entre les États-Unis et la Chine serait principalement disruptif. Le commerce bilatéral entre les États-Unis et la Chine
diminuera et sera remplacé par des échanges en provenance d'autres pays".
Les analystes de la CNUCED estiment que sur les 250 milliards de dollars d'exportations chinoises assujetties aux droits de douane américains, environ 82 % seront captés par des entreprises
d'autres pays, environ 12 % seront conservés par des entreprises chinoises et seulement 6 % environ seront captés par des entreprises américaines.
De même, sur les quelque 110 milliards de dollars d'exportations américaines assujetties aux droits de douane de la Chine, environ 85 % seront captés par des
entreprises d'autres pays, les entreprises américaines en conserveront moins de 10 %, tandis que les entreprises chinoises n'en récupèreront qu’environ 5 %. Les résultats sont similaires sur les
différents secteurs, des machines-outils aux produits du bois, en passant par le secteur de l’ameublement, le matériel de communication, les produits chimiques et les instruments de
précision.
La raison en est simple : les tarifs bilatéraux accroissent la compétitivité au niveau global pour les entreprises opérant dans des pays qui ne sont pas directement touchés par ces tarifs. Cela
se reflétera dans la structure des importations et des exportations dans le monde entier.
Les pays qui devraient bénéficier le plus des tensions entre les États-Unis et la Chine sont ceux qui sont les plus compétitifs et qui ont la capacité économique de supplanter les entreprises
américaines et chinoises. L'étude indique que les exportations de l'Union européenne sont celles susceptibles d'augmenter le plus, avec environ 70 milliards de dollars d'échanges bilatéraux entre
les États-Unis et la Chine (50 milliards de dollars d'exportations chinoises vers les États-Unis et 20 milliards de dollars d'exportations américaines en Chine). Le Japon, le Mexique et le Canada
devraient bénéficier de plus de 20 milliards de dollars chacun d’exportations supplémentaires.
Bien que ces chiffres ne représentent pas une part importante du commerce mondial - qui s’élevait à environ 17 000 milliards de dollars en 2017 - pour de nombreux pays, ils représentent une part
substantielle de leurs exportations. Par exemple, les quelque 27 milliards de dollars d'échanges commerciaux entre les États-Unis et la Chine qui seraient captés par le Mexique représentent une
part non négligeable des exportations totales du Mexique, soit environ 6 %. Des effets substantiels sur le niveau de leurs exportations sont également attendus pour l'Australie, le Brésil,
l'Inde, les Philippines, le Pakistan et le Viet Nam, comme indiqué ci-dessous
Cependant, l'étude souligne également que même pour les pays dont les exportations sont appelées à augmenter dans ce cadre de bataille commerciale, les résultats ne seront pas tous
positifs.
Le marché du soja en est un bon exemple. Les droits de douane chinois sur le soja américain ont eu des effets de distorsion des échanges commerciaux à l'avantage de plusieurs pays exportateurs,
en particulier le Brésil, qui est soudain devenu le principal fournisseur en soja de la Chine. Mais comme le niveau et la durée d’application des droits de douane ne sont pas clairs, les
producteurs brésiliens hésitent à prendre des décisions d'investissement qui pourraient s'avérer non rentables si les droits de douane étaient suspendus. En outre, dans les secteurs où le soja
est un intrant - comme dans la production d’aliments pour le bétail - les entreprises brésiliennes sont vouées à perdre de leur compétitivité en raison des hausses de prix nourries par la demande
chinoise en soja brésilien.
L'étude souligne également que si certains pays connaîtront une forte hausse de leurs exportations, les effets négatifs à l'échelle mondiale sont susceptibles de dominer. Une préoccupation
commune renvoie à l'impact inévitable que les différends commerciaux auront sur l'économie mondiale encore fragile. Un ralentissement économique s'accompagne souvent de perturbations des prix sur
les marchés des produits de base, sur les marchés financiers et monétaires. Elles auront toutes d'importantes répercussions sur les pays en développement. L'une des principales préoccupations
demeure le risque que les tensions commerciales ne dégénèrent en guerres sur le marché des devises, rendant plus difficile le service de la dette libellée en dollars.
Une autre préoccupation réside dans le fait que davantage de pays pourraient se joindre à la mêlée multipliant les politiques protectionnistes à l'échelle mondiale. Ces politiques nuisant
généralement davantage aux pays les plus faibles, un système commercial multilatéral qui fonctionne bien, capable de désamorcer les tentations protectionnistes et de maintenir l'accès au marché
pour les pays les plus pauvres, est d'une importance fondamentale.
Enfin, dans une économie mondiale interconnectée, l'effet domino créé par les géants du commerce est susceptible d'aller au-delà des pays et des secteurs ciblés. Les hausses tarifaires pénalisent
non seulement l'assembleur d'un produit, mais aussi les fournisseurs tout au long de la chaîne de production. Par exemple, le volume élevé des exportations chinoises frappées par les droits de
douane américains est susceptible de toucher le plus durement les chaînes de valeur de l'Asie de l'Est, la CNUCED estimant qu'elles pourraient ainsi chuter d'environ 160 milliards de
dollars.
Les tensions commerciales actuelles ont atteint leur paroxysme au début de 2018 lorsque la Chine et les États-Unis se sont imposés des droits de douane sur environ 50 milliards de dollars de
leurs marchandises respectives. La confrontation s'est rapidement intensifiée : en septembre 2018, les États-Unis ont imposé des droits de douane de 10 % sur environ 200 milliards de
dollars d'importations chinoises. La Chine a ensuite riposté en imposant des droits de douane supplémentaires sur des importations en provenance des États-Unis d'une valeur de 60 milliards de
dollars. Les droits de 10 % devaient initialement passer à 25 % en janvier 2019. Début décembre 2018, les parties ont toutefois convenu de geler l'augmentation de leurs tarifs douaniers jusqu'au
1er mars 2019.