Alors que plus du tiers des pays candidats à l’énergie nucléaire sont africains, l’Agence internationale de l’énergie nucléaire renseigne sur les conditions d’exploitation optimale de cette ressource sur le continent.
« Aller vers le nucléaire est quelque chose qui ne se fait pas du jour au lendemain. Entre le moment où le pays initie son programme nucléaire et celui où la première turbine devient opérationnelle, des années peuvent s’écouler», a introduit Milko Kovachev, le chef de la section du développement des infrastructures à l’agence dans un article paru dans l’Africa Renewal. Ce type de projet, explique l’expert, a une durée de mise en œuvre de 10 à 15 ans.
En outre, explique-t-il, un programme d’énergie nucléaire réussi, demande un engagement politique, populaire et une implication de la nation sur au moins 100 ans, c’est-à-dire l’ensemble du cycle de vie de la centrale de sa construction à son démantèlement.
Il faut également prendre en compte le paramètre du besoin considérable de financement, incluant aussi bien la construction de la centrale que la gestion de ses déchets et le coût de son développement. « Les investissements à faire par les gouvernements pour le développement des infrastructures nécessaires est modeste, comparé à celui de la première centrale nucléaire. Nous parlons quand même de plusieurs centaines de millions de dollars américains.», a souligné M. Kovachev. Il reconnait d’ailleurs que la plupart des pays africains éprouveront des difficultés à investir dans de tels projets, mais que d’autres options telles que le recours à une organisation privée produisant l’énergie et la revendant au pays sont envisageables.
Un autre aspect à prendre en compte sera la capacité de transmission des réseaux électriques nationaux. Il est en effet, recommandé que les pays candidats au nucléaire aient une capacité de transmission égale à dix fois la puissance de la centrale nucléaire. Les pays qui comme le Kenya ambitionnent de construire une centrale de 1 000 MW devront avoir un réseau électrique capable de transporter 10 000 MW par exemple.
A moins de vouloir investir dans des petits réacteurs nucléaires ; une option dont les premiers spécimens entreront en service entre 2018 et 2020, mais qui ne reçoit pas un accueil chaleureux dans les pays africains. Ceux-ci, novices dans le secteur, préfèrent investir sur les technologies ayant déjà fait leur preuve ou alors mettre en place des réseaux régionaux de grandes capacités qui pourront être utilisés par plusieurs pays. Cette option dépendra de la capacité des pays à établir un dialogue régional afin de pouvoir mettre en œuvre ce projet commun.
Un autre argument rendant difficile le recours au nucléaire dans les pays africains, selon M. Kovachev, est le rejet par les populations de cette option qu’elles considèrent comme dangereuse, à cause notamment, de l’accident survenu à Fukushima.
Si l’AIEA fournit aux pays son appui technique et technologique pour le recours au nucléaire, cette partition devra par contre se jouer au niveau de chaque pays, a affirmé le responsable.
Gwladys Johnson Akinocho
https://www.agenceecofin.com/nucleaire/0309-59629-afrique-et-nucleaire-la-route-est-encore-longue-et-parsemee-d-obstacles-selon-l-aiea